Où as-tu puisé ton inspiration pour ton nouvel EP ?
Pour me guider dans la création de Road Race, j’ai réécouté les vieux albums de Kanye West (Yeesus et My Beautfiul Dark Twisted Fantasy) et quelques pépites old-school, comme les Platters ou des classiques de la folk. C’est un genre qui provoque des émotions basiques qui, à l’image de la pop, peuvent se décliner à l’infini. A travers cet EP, je dévoile une autre facette de ma personnalité. C’est sans doute moins électro et plus urbain, plus r’n’b, dans les mélodies ou la voix. Le morceau U’re The Man qui figurera sur mon EP reflète cette volonté d’être plus directe, engagée et féministe. J’y suis très attachée.
Quel est ton processus créatif ?
Je conçois la musique comme un territoire d’expérimentation. Derrière mes machines et au synthé, je me transforme en savant-fou (un côté geek qui me vient probablement de mon adolescence, je collectionnais les minéraux à l’époque !). J’attends des accords qu’ils m’emmènent dans des territoires inexplorés où l’imagination joue un rôle primordial. Quand je crée, je pense beaucoup à la matière du son. Je l’imagine comme de la mousse végétale, douce et rugueuse à la fois. Ou comme une balade en forêt. J’aime jouer avec les sons et les instruments – ça me permet d’élargir mon propos initial sans basculer dans la soupe.
Si tu devais réaliser la bande-son d’un film, lequel serait-il ?
J’ai composé des morceaux avec Thomas Carteron pour quelques films. Dans ces cas là, mon approche est plus expérimentale, organique, voire mystique. C’est assez excitant d’imaginer un son en pensant aux images qui l’accompagneront. Si je devais réaliser la bande-son d’un film aujourd’hui, je choisirais probablement un truc de science-fiction, avec des décors délirants et une atmosphère très onirique. Ce serait comme imaginer la pop du futur.
Tu travailles désormais en solo. Qu’est-ce que l’indépendance t’apporte ?
L’indépendance m’a beaucoup apporté d’un point de vue créatif. J’ai appris à me retrouver avec moi-même pour me reconnecter à ce qui me tient vraiment à cœur. Quand on est seule, on ne peut se reposer sur personne et on est obligée de conjurer ses peurs et repousser ses limites.
Quel souvenir gardes-tu de ton adolescence ?
J’étais trop jeune pour aller faire la fête quand la musique électro a commencé à s’imposer dans le paysage musical français. Mais il y avait ce truc transgressif dans l’idée d’écouter de l’électro que j’ai toujours trouvé excitant. Sinon, j’ai grandi avec l’acid, la techno et le r’n’b et les Beatles. Mais mon premier émoi lié à la musique, je le dois à mon père à qui je piquais les vinyles de la Motown. Il était très pointu dans ses écoutes !