Le slashing n’est pas une évidence pour tout le monde. Même en 2016, il peut se révéler excessivement difficile (et éreintant) de porter mille casquettes. Ou il peut se révéler nécessaire, en témoigne Amber Schaefer. La jeune autodidacte a les mains sur tout, tout le temps : elle produit, écrit et réalise des comédies. Elle est également à l’origine d’une soirée comédie organisée au mythique Max Fish à New York, qu’elle définit comme une réponse au peu de femmes qu’elle voyait dans les line-up des comedy clubs. Si la soirée n’est pas exclusivement féminine, Amber fait en sorte que les femmes les plus cool et drôles du monde – qu’elles soient queer, trans et de couleur – répondent présentes et s’emparent de la scène. Adepte du rire depuis son plus jeune âge, Amber se souvient « d’être assise sur les marches de l’escalier, plongée dans mes pensées d’enfant, avant que mon père me demande ce que j’avais en tête. J’ai répondu ‘Bah je viens de me rendre compte que la vie est une vaste blague que personne ne comprend mais à laquelle tout le monde s’efforce de rire quand même. ‘ » Pour honorer la tradition des 3 x 3 coups de théâtre, nous avons demandé 9 conseils à la fille la plus drôle de la planète terre.
Quel est ton point de départ, lorsque tu écris un scénario ?
Les dialogues. Je jette beaucoup et je ne garde que l’essentiel. C’est-à-dire, ce qui me fait rire… Ou ce qui fait rire les gens autour de moi.
Quelle est la règle en comédie ?
De ne pas perpétrer les systèmes d’inégalités déjà existants. Et s’acharner.
Quels sont tes plus grands principes?
1.Engager autant de femmes, de queer et de personnes de couleur que possible.
2.Prendre soin de mon équipe.
3.Toujours avoir un plan B sous le bras.
La collaboration est-elle au cœur de ton travail ?
Je suis une collaboratrice née. Plus que tout, j’aime l’idée qu’on puisse tout construire et partager avec ses amis. Sauf la masturbation intellectuelle. Ça, je n’ai besoin de personne.
Quel est le truc qui te fera toujours autant rire ?
Le terme « crevette » dans les restaurants chinois.
Comment parviens-tu à travailler pour les autres sans jamais perdre ton intégrité ?
Parfois, le client veut réaliser un rêve et le but est de parvenir à raconter une histoire qui n’a jamais été dite, innovante et avant-gardiste. Ça, c’est le versant cool. Mais la plupart du temps, bosser pour les marques, c’est bosser pour les marques. Je gagne ma vie en faisant des pubs mais c’est essentiellement pour alimenter mes projets personnels que je chéris car ils sont libres. Je ne passe pas des heures à tenter de convaincre mon interlocuteur que non, le sourire freedent n’est pas forcément la réponse marketing la plus judicieuse en 2016.
Je rêve de faire ma propre pub un jour – le sourire freedent n’existera plus.
Quel est le secret pour transformer une idée en un concept sexy et innovant ?
Le Storyboard.
Quel conseil donnerais-tu à celles qui veulent réaliser / produire / dessiner / faire rire ?
Je filerais le tips de la comédienne Kate Berlant, que je paraphrase : “Embrasse les ténèbres.”
Quel est ton mantra dans le travail ?
Rien n’a vraiment de sens si on y réfléchit bien. Alors pourquoi ne pas en rire ?