Comment s’est faite ta rencontre avec le dessin ?
J’ai toujours dessiné et su très vite que je voulais en faire mon métier. Je suis partie tôt en internat, dans un lycée Art Appliqué pour m’y consacrer pleinement. La peinture a toujours été mon médium de prédilection, jusqu’à ce que je rencontre un garçon et m’arrête de peindre. Je m'y suis replongée après un voyage au Vietnam et je n'ai plus arrêté.
Quel rôle jouent les couleurs dans tes compositions picturales ?
Les couleurs revêtent à mes yeux une vraie dimension symbolique : toutes reflètent les nuances, aspérités et teintes de la peau, que je m'attache à retranscrire visuellement : le beige, le rouge, le rose, le gris... C’est en peignant mes fonds de rouge que je parviens à donner de la profondeur aux couleurs qui composent mes toiles.
Quelles sont les odeurs qui t'apaisent ou t'inspirent ?
J’ai grandi dans le sud-ouest de la France et habité dans une maison en pleine campagne. Ce n’est qu’en arrivant à Paris où je vis actuellement que j’ai compris à quel point la campagne m’inspirait : la nature, les fleurs, les champs… Je suis particulièrement sensible à l'odeur du mimosa, à celle, plus intime, des madeleines le matin.
Quelle vision du corps de la femme souhaites-tu retranscrire dans tes peintures ?
Quand j’ai commencé, j’étais très attirée par la représentation clichée et idéalisée du corps de la femme, comme il en pleuvait sur Instagram. Mais je me suis vite aperçue que ça me posait problème de dessiner des corps de femmes calqués sur les attentes et les fantasmes de notre société. Aujourd’hui, j’essaie de dessiner les corps différemment : par petites touches, crops, fragments. C’est à mon sens bien plus évocateur et subtil. Et j’aime souligner les formes charnues : le bout des doigts, les pommettes…
Quel est l'artiste dont tu te sens la plus proche ?
À Paris, on passe son temps à courir après la lumière. Du coup, j'aime la retrouver au cinéma, surtout chez Almodovar, pour son sens inné des couleurs et son dernier film, Julieta. Son univers cinématographique me ramène instantanément à mes racines espagnoles et mon enfance.