Elle est née et a grandi à Londres. Susu Laroche, d’origine franco-égyptienne, a choisi de troquer la froideur du numérique contre le charme de l’argentique. Une passion qu’elle tient de son père, qui collectionnait les appareils photos. C’est à la Central St Martins, l’école dont elle est diplômée, qu’elle s’est mise à produire des images. Elle en tire des séries oniriques et déviantes, profondément ancrées dans la mythologie batallienne, l’œuvre anticipatrice de J.G Ballard et l’esthétique du réalisateur Rainer Werner Fassbinder. Sa pratique artistique s’établit dans la continuité de ses maîtres à penser, dans un rejet des conventions et un retour au merveilleux que Susu vient puiser dans le monde qui l’entoure.
« Chaos Lure Us Chaos Rule Us est un anagramme de mes noms et prénoms. C’est sans doute mon destin et le mantra qui me suivra toute ma vie. Le processus créatif que nécessite la photographie argentique joue un rôle primordial : rien n’est plus imprévisible, le résultat n’est jamais similaire à ce qu’on avait imaginé. Il faut s’en satisfaire et c’est une belle leçon d’humilité. Parfois, j’ai l’impression que l’appareil photo se retourne contre moi et mes attentes, c’est une sensation intrinsèque à ma pratique photographique. »
« J’ai longtemps travaillé dans un grenier que j’avais reconverti en chambre noire jusqu’à ce qu’on m’en expulse. L’odeur des produits chimiques (l’amiante et les cristaux d’halogénure d’argent) envahissait l’espace. J’avais pris l’habitude de me passer de chronomètre pour la phase d’agrandissement des images. À la place, je comptais en chantant à voix haute. Aujourd’hui, mon atelier se situe dans une ancienne usine à échafaudages où se côtoient les rats, les carcasses de voiture et les champs. Je vais souvent shooter dans les environs, ou vers des lieux singuliers qui attisent ma curiosité. »
« L’univers que je crée se situe à la frontière entre fiction et réalité, à Memphis. C’est à la fois la ville du Tennessee, et la capitale de l’ancienne Égypte. Dans cet univers, nous sommes plongés en l’an 1066 et les deux villes s’affrontent culturellement. C’est l’ère féodale, sans les croisades. ‘Tout est faux, tout est permis’ (d’après Hassan i Sabbah, persan du 11ème siècle qu’on surnommait le Vieux de la Montagne) est mon mot d’ordre. »