Nos yeux, nos mains, nos oreilles sont branchées à nos multiples tablettes, smartphones et autres prouesses technologiques qui requièrent toute notre attention. Nous nous sentons tous plus ou moins coupables de passer à côté d’un tweet ou d’un post Instagram ou d’un message Facebook. Je me sens coupable et vous aussi – le nouvel opium du peuple nous intoxique. Résultat, nos sens sont bouleversés, notre perception biaisée, les gazouillements de la vie quotidienne affadis.
Le stress et l’angoisse nous submergent, tout le temps, partout. Notre regard ne cesse de faire des aller-retour entre notre écran et le monde réel. Et dans ces fractions de seconde où les yeux, les oreilles et le corps redécouvrent le paysage en 3D qui se tient devant nous, nous nous réveillons d’un long sommeil où la respiration, les gestes et l’esprit se reconnectent, enfin. Lever les yeux au ciel, emplir ses poumons d’air, sentir la terre humide et le bruit des feuilles qui crissent sous nos pas – humecter chaque particule de l’atmosphère et renouer avec ses sens. C’est la réalité et c’est un cadeau de l’existence.
Nos corps sont capables d’effectuer des mouvements incroyables, nos sens sont équipés pour dialoguer avec la nature – c’est l’essence même de l’être humain. La reconnaissance et le plaisir que nous procure la moindre activité à l’extérieur sont infiniment grands : elle booste notre énergie, atténue notre anxiété, crée des endorphines et réduit l’hypertension, le risques de maladies cardiaques, de diabète et d’obésité. La vitamine D aide notre système immunitaire et surtout, l’idée de se sentir vivant et en pleine possession de son corps procure irrémédiablement une sensation de bien-être physique et mental.
Les surfeurs, les explorateurs, les randonneurs, les skieurs et les nageurs dont on envie le mode de vie sont plus que jamais et personne, proches de la nature. Leur pratique sportive permet à tous leurs sens de se déployer. Submergés par les éléments naturels, leur corps et leur esprit ne répondent qu’à l’instant présent – peu étonnant qu’ils soient nombreux à faire l’analogie entre le sport qu’ils pratiquent et la quête de spiritualité qui en découle, nécessairement.
La connexion que nous nouons avec la nature, le sentiment d’être pleinement en phase avec ce qui nous entoure prend réellement un sens spirituel. Les inconditionnels du sport sont ceux qui sont toujours prêts à sortir de leur zone de confort, à défier leurs peurs et bousculer les limites qu’impose au corps le sédentarisme. L’extase, l’aventure, la récompense et le bonheur que le sport procure se rapprochent des effets de la drogue – aussi naturelle soit-elle.
C’est une formule vieille comme le monde mais qui reste d’actualité – la sensation qu’on vit en étant avalé par une vague en pleine mer, en sentant son cœur battre à mesure que le soleil se lève au rythme de nos pas qui gravissent la montagne, en pédalant à toute vitesse tandis que le parfum des arbres nous chatouillent les narines, en courant sur une plage le soleil dans les yeux, en dévalant les monts enneigés secoués par l’air frais qui frappe le visage, en marchant dans les tas de feuilles mortes.
Nous avons trop pris l’habitude de régler le moindre de nos problèmes en nous confiant à la toile mais se sentir vivant, c’est aussi et surtout saisir chaque instant de notre existence et être en pleine possession de son corps, ses sens et sa respiration – en se reconnectant au monde extérieur.
Sophie Everard est la fondatrice du site de bien-être Mad to Live madtoliveblog.com