Jabu Nadia Newman a toujours ressenti le besoin de s’exprimer, de dire ce qu’elle pense. Et c’est à travers l’image qu’elle le fait le mieux. Passionnée par la photographie depuis son enfance et feuillète les pages de Pop Magazine avec Britney Spears en couverture. Très tôt, la photographe a souhaité concilier ses idéaux politiques et son art : c’est en regardant Kids de Larry Clark à tout juste 12 ans que Jabu s’est convaincue qu’elle passerait derrière la caméra un jour. Du réalisateur irrévérencieux, elle a retenu son esthétique organique et sa capacité à évoquer des sujets tabous dans la société – le sexe, notamment. Aujourd’hui âgée de 23 ans, Jabu espère transmettre à travers ses photos et ses films un message positif et unificateur sur les communautés marginalisées.
Le féminisme, la sexualité et la politique sont les thèmes qui parcourent chacune de ses images. Pour The Foxy Five, sa web série féministe et intersectionnelle, Jabu donne la parole à cinq femmes noires d’Afrique du Sud. La réalisatrice a commencé l’écriture de sa web série en 2015, pendant les manifestations étudiantes « Fees Must Falls », en réaction au gouvernement qui souhaitait augmenter les frais d’inscription à l’école et dans le supérieur. L’idée était de faire entendre les voix des femmes noires, leur vision du féminisme et des avancées sociales de l’Afrique du Sud : « Je voulais montrer à quel point la politique est une affaire personnelle et comment la jeunesse d’Afrique du Sud a su démontrer qu’elle était tout sauf apathique. Je voulais donner aux femmes noires la possibilité de partager leur vision du féminisme et d’en donner une représentation fiable et sincère. » La web série qui est née de cette ambition propose donc de confronter les idéaux et idées de chacune, en transmettant des valeurs universelles comme la bienveillance et l’engagement tout en traitant des problématiques très actuelles : le genre, la sexualité, le racisme, les classes sociales et la politique.
C’est à la force de ses ambitions que Jabu souhaite se faire une place dans le monde : « Je veux laisser mon empreinte et changer les choses. Changer vraiment les choses si j’ose dire. Je veux raconter des histoires qui n’ont jamais été entendues sans avoir peur de creuser ni de révéler la vulnérabilité qui fait partie de mon quotidien. Je veux parvenir à une organicité dans l’écriture telle qu’elle en devienne dérangeante. Je veux partager tous mes secrets les plus sombres dans l’espoir que d’autres que moi y trouvent du réconfort. » On n'en doute pas une seconde.