Louise Chen, c’est l’histoire d’un désir né au Luxembourg. Jeune, Louise regarde la culture club se déployer de loin et rêve de nuits sans fin. C'est à ce moment-là qu'elle commence à ériger son répertoire musical, tout doucement et avec toute la liberté que permet l'adolescence. À 14 ans, elle fait ses premières expériences et s'immisce dans la scène punk locale. Une curiosité qui, sans aucun doute, assure aujourd'hui son succès en tant que DJ. En 2006, montée à Paris pour ses études et après avoir effectué quelques stages dans la presse musicale et dans l’équipe du feu Triptyque, Louise s’initie aux platines du Café Chérie, à Belleville. Après des échappées anglaises et américaines, elle revient à Paris et prend un second souffle sous l’impulsion du grand DJ Mehdi. En 2011, naît le collectif féminin Girls Girls Girls, qui fera les beaux jours du Social Club et de tout ce que Paris a d’effervescent – encore aujourd'hui. La preuve par deux : ce soir, vendredi 25 novembre, et demain, Louise Chen sera aux Nuits Fauves puis à la Bellevilloise pour les 5 ans de Bromance. Elle est également sur le point de sortir un fanzine 100% DIY dédié au Smashing Pumpkins. L’occasion de revenir avec elle sur ses souvenirs, sa bibliothèque musicale hyper éclectique et son amour pour la nuit.
Le premier vinyle que j'ai joué était de Spank Rock.
On avait bossé sur la sortie de l'album, et j'avais dû aller les chercher à l'aéroport alors que j'étais la petite stagiaire de 18 ans. Il fallait se lever à 6 heures, le boss de la promo était blessé au genou, en béquilles. J'ai du les amener à leur hôtel, gérer leur journée promo. On a vite sympathisé, c'était leur première fois hors des États-Unis, avant ça ils n'avaient pas de passeport. J'étais trop fan, je connaissais leurs paroles par cœur. D'ailleurs, ils ont dû garder une vidéo de moi qui rappe dans le métro...
Je suis née et j'ai grandi au Luxembourg. Il n'y a rien là-bas.
Quand j'étais ado, s'il y avait quatre concerts dans l'année, c'était une bonne année ! Et quand tu as 14-15 ans, sans permis, rien n'est possible. Si la musique t'obsède, cette situation pousse vraiment ton imaginaire et ton système D. Tu te demandes : « Comment je peux faire pour voir des concerts ? Comment me débrouiller pour que ça fasse partie de ma vie ? » Les 15 premières années de la mienne, j'ai pensé que mes idoles de la musique étaient inaccessibles. Je ne m'imaginais pas les voir un jour. C'est ça qui m'a donné envie de ce milieu. D'y participer, de le toucher.
Il y a plus d'amour, d'envie et de compassion autour de nous. C'est dans l'air de Paris.
Et puis la fête est superbe. Il y a des clubs qui ouvrent partout : les gens ont envie de sortir. Pas tout le temps, n'oublions pas que Netflix et Deliveroo sont les plus grands ennemis des Djs ! À Pigalle, dans les restos, les clubs, les hôtels, tu sens un air nouveau. Les gens essaient des trucs, prennent des risques. J'ai l'impression qu'il y a de la place pour tous et pour tout aujourd'hui. C'est hyper effervescent.
On n’a plus peur d’aller en banlieue pour faire la fête.
Et j'ai l'impression que l'air de rien, ça ouvre les esprits et les yeux des gens.
Nos quêtes de richesses sont de plus en plus immatérielles.
De découvertes, de voyages. On a compris qu’il fallait travailler pour soi. On dépense notre argent pour aller au resto, pour aller en soirée, partir en weekend à l’étranger. On est sur un marché de l’idée, la jeunesse ne veut plus posséder les choses mais les vivre à fond.