À 25 ans, celle qui parcourt le monde à la recherche des plus belles vagues – elle a grandi sur la côte Basque, s'est exilée en Californie et s'établira au large des côtes marocaines d'ici quelques mois – n'a rien à envier à ses homologues masculins. Sur sa planche, la surfeuse indocile et fière glisse d'un univers à l'autre et renoue avec ses sens. Nous avons rencontré Margaux Arramon-Tucoopour parler du surf et de sa nature fédératrice.
L’eau suffit à me calmer et m’apaiser, même quand j’y entre de mauvaise humeur, j’en ressors heureuse
L'année de mes 10 ans, mon père m’a proposé de m’emmener sur la plage. C'était un soir d'été. Il a sorti du garage une vieille planche et m’a jetée dans les vagues. Petite, je pouvais passer plus de six heures dans l'eau, le temps d'une marée. La mer est une sorte d’univers parallèle... Certaines vagues m’envoient des décharges d’adrénaline et de plaisir. Le fait d’être dans l’eau pendant des heures m’entraine dans un état de transe et de méditation. Je ne pense à rien d'autre qu'à l'instant présent.
Je passe mon temps à vadrouiller, partout à travers le monde
La pratique du surf influence mon mode de vie : là ou j'habite et où je vais. J’ai grandi à Biarritz et déménagé plus au sud l’an dernier dans un petit village basque près de très bon spots de surf. Les jours clairs, au bord de la falaise, on peut apercevoir l’Espagne. Le soir je sors admirer le coucher de soleil. C’est dans ces moments-là que je mesure la chance qu’on a d’avoir une telle vue au bout de la rue. Comme les trips se font souvent à la dernière minute suivant les swells, j'ai souvent reçu des appels me disant que je partais pour l'autre bout du monde pour le lendemain. J'adore cette façon d'entrevoir la vie, au jour le jour mais je suis persuadée qu'il est important de se développer ailleurs, pour ne pas perdre pieds. Je réalise de nombreux projets artistiques et j’y consacre beaucoup plus de temps cette année – ça m’apporte une satisfaction différente et salvatrice.
J'aime l'odeur du zinc sur le visage après des heures passées dans les vagues
L'été, quand le soleil tape et qu'on reste longtemps à l'eau, cette odeur est d'autant plus présente : c'est celle du sel, du zinc, et du soleil qui se collent à la peau et aux cheveux.
Avant de me jeter à l'eau, j'écoute des musiques qui m'apaisent ou me donnent de l'énergie
Surtout de la musique du monde et des groupes indépendants. Si j'en écoute avant de surfer c’est souvent de la musique africaine et Afro beat, car elles ont le pouvoir de m’emmener ailleurs – Tinariwen, Ai Du, Atwar Abroba – et parfois du Nino Ferrer, Looking for You.
De plus en plus de filles se mettent au surf et c'est une très bonne nouvelle
De nombreuses surfeuses m'ont aidé à croire en moi et prouvé que je pouvais moi aussi envisager une carrière dans le surf. J'ai également rencontré beaucoup de surfeurs et de photographes qui encouragent les femmes à s'emparer des vagues. Il y a de moins en moins de conflits entre surfeurs et surfeuses même si on doit encore se battre pour avoir les vagues !