Quand on se penche sur le travail de Naomi Wood, on est frappé par la force et la douceur qui s’en dégagent. Une ambivalence que la photographe, basée à Bristol, dit tenir de Nan Goldin : « Elle parvient à transmettre des émotions qu’on ne parvient à capturer qu’en étant très proche du sujet quo’n photographie. J’ai en tête un de ses autoportraits qu’elle a pris après avoir été battue. A chaque fois que je me retrouve face à cette image, j’en saisis toute la force et la vulnérabilité à la fois. » Née dans les Midlands, Naomi a étudié les beaux-arts à la Bath School of Art avant de se mettre à la photographie – le médium qui lui permet de se reconnecter au monde et aux sujets qu’elle immortalise.
La quête d’’authenticité dans l’image est sa promesse, son ultime ambition. Sans jamais verser dans le pathos ou le sensationnalisme, Naomi dépeint avec sensibilité ses sujets – soit ses amis, ses proches, son entourage – et retranscrit la profondeur des relations qu’ils nouent. Cette faculté à saisir instinctivement l’aura de ses modèles est particulièrement éloquente si l’on s’en tient à son plus récent projet, Body of Women. La série de nus orchestrée par Naomi célèbre les formes et le corps féminin par fragments. Elle en tire des clichés intimistes, désexualisés, non-retouchés. Des images qui invoquent le pouvoir de la féminité sans la cloisonner ni l’érotiser. La photographe espère participer à une vision plus ouverte et tolérante à l’égard de son corps. Lorsqu’elle shoote ses sujets féminins – la plupart viennent spontanément jusqu’à elle, Naomi tente de « prolonger l’envie que les femmes ont de faire de la prise de vue le déclencheur d’une reconnexion avec leur corps et leur image. Chacune de ces femmes ressent, différemment, la douleur d’être séparée de son corps physique. Il existe à ça de multiples raisons : un traumatisme passé, une agression sexuelle, un changement corporel soudain lié à la grossesse par exemple ou la vieillesse. Le processus photographique peut participer à une meilleure compréhension de son corps, à la guérir. » En parcourant Body of Women, on ne peut que s’en convaincre.