MUNA, quatre lettres derrière lesquelles on découvre l’univers musical de Katie Gavin (à la voix), Josette Maskin (à la guitare et la voix) et Naomi McPherson (aux synthés, mais aussi à la guitare, aux arrangements et à la prod). Ensemble, et depuis Los Angeles, elles ont donné naissance à la pop pensante avant que Katy Perry ne brandisse l’étendard de la "purposeful pop" sur Twitter plus tôt cette année. Le trio féminin a récemment auto-produit son premier album remarqué, About U. Un savant mélange de ballades pop qui soulèvent des problématiques sociales et politiques dans l’air du temps : le sexisme, le repli identitaire ou les nouvelles identités sexuelles avec une énergie folle. En février dernier, Muna interprétait sur scène son single acclamé, I Know A Place, en live chez Jimmy Kimmel. Pour l’occasion, Katie en a modifié les paroles, suite à l’élection du président Trump en s’exclamant : « Il n’est pas mon leader, bien qu’il soit mon président ». Collées serrées, unies et à l’unisson, elles se sont prêtées au jeu de l’interview. Voilà ce que ça a donné.
L’histoire veut que vous vous soyez rencontrées à une soirée et que vous ayez tout de suite commencé une session ensemble. C’est vrai ?
Josette: C’est une légende. On devrait vraiment prévenir les gens… En réalité, on s’est rencontrées lors d’un colloque en Suisse.
Naomi: En fait on n’était pas vraiment à une soirée. On buvait juste des coups dans un appartement. On était déjà plutôt copines.
J: Naomi jouait de la guitare et je me souviens m’être dit que c’était vraiment nul qu’on n’ait jamais joué ensemble. Donc on a effectivement fait un jam peu de temps après. Katie a débarqué avec son mini clavier. On a écrit une chanson et on ne s’est plus jamais arrêtées.
On avait envie de raconter des histoires et de les raconter autrement, sous un angle nouveau - Katie
À contre-courant d’une certaine frange de la pop, vos morceaux s’emparent de problématiques politiques et sociales très actuelles. D’où vous est venue cette ambition de mêler pop et politique ?
K: Au départ et quand on s‘est rencontrées, l’idée était de raconter des histoires sous un angle nouveau. De choses qui sont souvent laissées de coté par les pop stars, justement. Pour le titre So Special, c'était une évidence pour moi d’écrire sur ce que je vivais à l’époque, de ma tristesse de ne pas sortir avec une personne que j’aime bien. Après, on retrouve ces thématiques dans de nombreuses chansons. Nous, c’était là dès le début, même si notre façon de parler des choses a évolué avec le temps.
Vous avez des fans qui se sont reconnus dans vos chansons So Special ou Loudspeaker et qui vous en ont fait part ?
N: Tous les jours. On entend ça tous les jours et c’est la chose la plus incroyable au monde. Savoir qu’avec transparence, honnêteté et vulnérabilité, (je pense aux paroles qu’écrit Katie), les gens parviennent à se retrouver, se sentir en paix et compris, c’est la plus belle chose qu’on puisse recevoir en tant qu’artistes. J’aurais tant aimé vivre ça enfant.
J: Je pensais qu’être sur scène était le nec plus ultra d’une carrière dans la musique. Mais finalement, on retire encore plus de plaisir à savoir qu’on a participé au bonheur d’un inconnu. À quoi sert la vie, si on ne fait du bien à personne ?
Avec l’arrivée de Trump au pouvoir, vous pensez que les artistes pop ont d’autant plus le devoir de s’engager, de délivrer des messages positifs et politiques ?
N: Je pense que c’est à chaque artiste de choisir la voix qu’il doit prendre. Mais d’un point de vue personnel, j’aime entendre des voix qui grondent et s’engagent politiquement.
Katy Perry s’est récemment évertuée à être plus politique dans ses paroles. C’est un phénomène que je trouve assez intéressant, car c’est aussi un pari marketing risqué.
N: Oui complètement. Elle avait déjà prêté son soutien à Hillary [Clinton] donc ça fait un petit moment maintenant. On pourrait même avancer que son tube I Kissed A Girl était éminemment politique. C’était très fort à cette époque, d’entendre un hit mainstream qui parlait de filles qui s’embrassent et auquel on pouvait s'identifier.
K: J’espère que les artistes de tous les genres musicaux se sentent à l’aise et fiers de s’exprimer haut et fort sur ce qu’ils ressentent et les font vibrer. C’est en soit un acte politique.
Katie et Naomi sont des cérébrales acharnées. Mais chacune a son rôle à jouer, chacune est un rouage nécessaire à l’énergie du groupe - Josette
Quels sont vos rôles respectifs au sein du groupe ?
N: Josette et moi, c’est un peu Laurel et Hardy, un duo de choc.
J: On adore faire des blagues.
N: Katie est la plus mignonne.
K: Josette, celle qui fend le cœur du public. C’est aussi celle qui passe le mieux à la caméra.
J: Katie et Naomi sont des cérébrales acharnées. Mais chacune a son rôle à jouer, chacune est un rouage nécessaire à l’énergie du groupe.
Celle qui sent le meilleur ?
N: Honnêtement, je pense qu’on sent toutes assez bon.
Quelle odeur vous rappelle votre chez-vous ?
K: Mon encens.
J: Son encens m’apaise et me rappelle ma maison.
N: Moi je brûle le même encens dans ma chambre maintenant.
Quelle est l’odeur de Londres ?
K: Dès qu’on sort de l’avion, je suis happée par l’odeur des plantes et de la pelouse.
J: Londres sent le froid. La fraicheur. À Los Angeles, c’est la chaleur qui nous enveloppe.
K: Je suis née à Chicago donc l’odeur de Londres ces temps-ci m’évoque les premiers jours de printemps dans le Midwest.
L’odeur qui vous fait replonger en enfance ?
N: Les See's Candy! Vous avez pas ça ici ? C’est un chocolatier très réputé aux Etats-Unis. Ma grand-mère m’y emmenait et m’achetait des sucettes à chaque fois.
J: Moi, c‘est l’odeur des vieux chiens. J’ai été élevée par des loups (rires).
Si Muna sortait son parfum demain, comment s’appellerait-il ?
J: Une phrase qu’on dit tout le temps ?
N: Celui de Katie s’appellerait Icône Bi.
K: Ouais, chacune aurait le sien. Pour Naomi ce serait Vol de ta Copine.
N: On pourrait s’entendre sur un parfum comme Maid Marian. Je trouve ça sexy. Platonic Wives?
J: Non, ça c’est le nom de notre prochain album.