La France a toujours rêvé de Californie, de routes désertes à la Lost Highway et de bals de promo pailletés arrosés aux cocktails sans alcool. Avec son groupe Agar Agar, Clara Cappagli réalise nos rêves – en mieux. Dans leurs refrains électro-pop, Armand Bultheel et la jeune chanteuse défont les mythes d’une Amérique lisse, girly et patriarcale. Inspirée par l’esthétique des teen-movies, Jumanji et le crachat des vieux vinyles disco, Clara s’impose comme la relève nécessaire et salvatrice de la pop française. Elle nous donne un aperçu de son quotidien, tout droit sorti d’un film de Terry Gilliam.
Si ma musique était un film ce serait un mix entre un court-métrage de Richard Kern et Jumanji.
Je m’inspire beaucoup des mangas et des illustrations médiévales, comme le manuscrit de Clavis Artis. Et puis aussi d’une bonne dose de cinéma, du Giallo et du De Palma. J'aime bien le cinéma un peu trash et inachevé. Quand c'est fébrile, qu'à un détail près, le verre de vin s'explose par terre et engendre un drame hyperbolique.
J’ai écris "Prettiest Virgin" comme une lettre d’amour adolescente – en 5 minutes.
J'ai vécu dans un coin paumé du Wisconsin enfant et l’image de ces jeunes filles en robes de princesse qui sirotent du jus d’orange est au cœur du titre Prettiest Virgin. L’ambiance du bal de promo, ses décors, sa palette de couleurs, ses effluves misogynes, patriotiques et grotesques me parlent. Le génie du teen-movie réside dans le fait de revendiquer cette propagande mielleuse aux narrations répétitives, sa fascination pour les courses sur Sunset, ses perfectos rouges et ses piscines trop bleues, ses amourettes idéalisées. C'est un cliché que j'ai gentiment repris.
Je ne me considère pas vraiment comme une "femme artiste", mais plutôt comme un singe avide de création
La sensualité, je la vis comme une émotion, une expérience sensorielle. Je veux pouvoir partager mes sensations avec celles et ceux qui me traversent. Ce qui fait la beauté d'une oeuvre c'est bien les multiples sensations qu'elle peux provoquer, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
Mon univers créatif a le gout acide d’un lendemain de cuite et l’odeur de la vase noire qu’on retrouve sur les plages paumées de la côte bretonne.
Je suis du genre instinctive
Toutes mes compositions viennent de l'expérimentation vocale, je suis souvent plus touchée par ce processus créatif du "sentir" l'idée, sans qu’elle ait besoin d’être conceptualisée ou intellectualisée. Donc je commence en faisant du yaourt, je hurle, et puis ensuite, j'écris. Je cherche des narrations très imagées, parce que je veux qu'on puisse imaginer, atteindre d'autres sphères que celle de la réalité. La chanson Aquarium raconte l'histoire d'une fille qui vit dans une bulle avec son perroquet et qui passe sa journée à boire, sans aucun complexe.