Régina a quitté son Kaliningrad natal à l'âge de 4 ans pour rejoindre la capitale française. Deux villes, deux cultures, dont la danseuse et actrice de formation s'imprègne pour façonner l'esthétique onirique qui parcoure ses court-métrages, distille ses installations performatives pour mieux bousculer les sens du spectateur. Diplômée du Studio Le Fresnoy, Régina y expose sa dernière installation/performance sensorielle, ALMA, jusqu'au 31 décembre. Une excellente raison de revenir avec elle sur ce qui l'inspire au quotidien.
Le silence m'aide à retranscrire la complexité des tensions amoureuses
Dans mes films, le silence est en fait assez bavard : lorsqu’il s’installe, il met en lumière les tensions amoureuses et érotiques qui lient mes personnages. Mes histoires racontent des amours déçus, contrariés ou distanciés. Si les dialogues sont rares, c’est que je préfère laisser parler les corps, les émotions et les regards.
J’ai une certaine obsession du noir
J’aime qu’il soit dense et s'empare de l’écran, à l'image des maîtres du romantisme noir dont je m'inspire. Je mêle le noir à des teintes délicates, veloutées et embrumées pour adoucir la violence de mon scénario. Ma colorimétrie flirte avec l’onirisme, mes films glissent vers l’irréel et mes personnages sont sous influence. Je chercher à recréer, à travers mes films, un espace mental imaginaire et délirant.
L’odeur du tabac mêlée au parfum du chewing-gum à la menthe me ramènent instantanément en enfance
Elle me rappelle mon grand frère à l’adolescence. Encore aujourd’hui, j’aime emprunter les sweatshirts de mes amis. Je retombe en enfance et renoue avec mes souvenirs.
La danse m'entraîne à ne plus penser à rien
J'ai tendance à trop penser au temps qui passe. Quand je danse ou quand je joue, mes émotions sont brutes, spontanées, libérées de tout espace-temps défini. En dansant, j'ai l'impression d'échapper à la réalité.
Dans mes oeuvres, les objets sont vivants
Ma dernière pièce est une hybridation de genres et de médiums : performance, fiction sonore, installation. Alma est une voiture inanimée qui s'éveille à la nuit tombée. Son personnage éponyme est placé au cœur d’un groupe où elle vit un amour avorté. Elle évolue dans l’univers white-trash du tuning, une pratique « passionnée et stigmatisée». Une partie de la pièce se déroule dans le noir complet, afin d’effacer le maximum de repère visuel. Alors que la voiture-sculpture tunée personnifie Alma et ses rapports aux autres, le son dessine un espace qui s’identifie au paysage mental d’Alma.